Albatros, la croisière de la peur: témoignage de Déborah Scaling Kiley

Publié le par les-critiques-de-yuyine

> Le livre: Albatros, la croisière de la peur de Déborah Scaling Kiley, traduction de Katie Holmes, Editions Phébus, Collection "d'ailleurs" dirigée par Jean-Pierre Sicre, 1995, 207pages, (disponible uniquement en occasion).

 

http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782859405441.jpg> Le pitch: Cette histoire de violence, de folie et de mort est la transcription d'une aventure réellement vécue: une histoire que Deborah Scaling Kiley aura mis plus de dix ans à se décider à écrire. On comprend cette hésitation, à la lire. Et le choc qu'en reçurent les lecteurs américains. Car le conte cruel dont il s'agit nous parle, à sa façon, de ce que sont les hommes d'aujourd'hui - et ce qu'il nous montre n'est pas fait pour rassurer...

Un voilier de rêve: vingt-deux mètres, tous les aménagements que l'on peut souhaiter. Beauté et confort. Cinq personnes à bord: trois hommes et deux femmes - pour une croisière atlantique en direction des Caraïbes qui s'annonce de tout repos. Mais la météo est capricieuse. Et capricieuse aussi l'âme humaine, en ses noirceurs et sa misère secrètes. Qu'on parle d'ouragan, de requins, haine mortelle entre naufragés: ce sont là clichés du roman d'aventures. Mais que ces choses-là viennent à exister pour de bon et qu'il faille y faire face est une autre affaire. Une affaire dont les femmes, on le verra, se tirent avec plus d'honneur que les hommes.

 

> Si vous commencez à le lire, vous ne pourrez pas vous arrêter car ce petit livre est terriblement haletant! Deborah Scaling Kiley aura mis dix ans pour réussir à raconter en détail toute cette incroyable épreuve à laquelle elle a été soumise. En guise de thérapie face à son stress post-traumatique, ce livre a le mérite d'être très bien écrit et nous captive complètement de pages en pages. Ce qui lui est arrivé est digne d'être un roman d'aventures, presque surréaliste, exagéré. Et pourtant tout est vrai. Ses doutes, ses angoisses, la mort, le naufrage, la folie des hommes... tout est si vrai et si cruel à la fois. Comment peut-on survivre à une telle épreuve? Cinq personnes, cinq jours d'enfer. Ce livre est le lourd témoignage d'une femme qui semble toujours au bord de la noyade, une survivante qui lutte finalement toujours pour garder la tête hors de l'eau. Et on la comprend parce que son récit est juste incroyable...

Outre le récit du naufrage et un léger épilogue sur ce qu'était sa vie au moment de l'écriture, donc 10 ans après, sont ajoutés les rapports des garde-côtes et un article de journal relatant le fait, comme pour prouver que ça a réellement existé. Mais même en lisant ces annexes, j'ai du mal à imaginer la réalité de l'horreur tant l'histoire ressemble à un roman catastrophe magistralement écrit et rempli d'angoisse et de suspens. Albatros m'a embarqué complètement, j'ai été comme harponné par ce récit et je reste encore choquée de sa lecture après coup. Je le conseille vivement à toute personne qui  envie de se confronter à la folie humaine, aux questions d'espoir, de désespoir, à l'angoisse de la mort qui est partout et à la volonté de survivre qui s'effrite. Plus qu'une histoire de naufrage, ce livre relate les difficiles relations humaines, les pensées d'une femme qui se voit mourir mais continue à croire que tout peut s'arranger. C'est une véritable démonstration sur la nature humaine dans une situation extrême. En bref, un remarquable témoignage.

Publié dans Littérature

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