Je pars à l'entracte de Nicolas d'Estienne d'Orves pour la collection "Les affranchis"

Publié le par les-critiques-de-yuyine

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/2/0/4/9782841115402.jpg> Le livre: Je pars à l'entracte de Nicolas d'Estienne d'Orves, Collection "Les affranchis" dirigée par Claire Debru, Editions nil, Mars 2011, 73pages, 7€.

 

> Le pitch: "C'est tellement simple, les romans. Un début, un milieu, une fin. Et hop, on passe à autre chose. Mais là, il n'y a pas de suite. La fin est totale. Cette chambre est celle d'un crime que je n'ai pas eu le droit de commettre dans mes propres livres."

 

> Violent et en même temps tellement éloigné du larmoyant.

La collection "Les affranchis" fait une demande aux auteurs: "Ecrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite", affranchissez-vous de cette histoire en la posant une fois pour toutes en mots. Et Nicolas d'Estienne d'Orves, pour sa contribution, réussit le pari d'écrire à son meilleur ami, son double, une lettre qui fait suite à son suicide sans jamais entrer dans un pathos larmoyant. Au contraire, cette dernière lettre, cet adieu, met plutôt les choses au clair. L'auteur dit ce qui n'avait jamais été dit et met un point final à ces adieux.

Alors oui, il n'y a pas d'actions, ce n'est qu'une lettre. Mais quelle violence! Nicolas d'Estienne d'Orves nous parle avec sincérité et réalisme de la chute prolongée d'un homme qu'il connaissait à la fois trop bien et trop peu. Il nous décrit le suicide perpétuel de son âme et l'apparente logique de l'acte sur le corps. Il nous enlève aussi le poids d'un tabou: celui du soulagement face à la mort. Car oui, lorsque l'on côtoie quelqu'un qui va aussi mal, qui ne sait plus vivre, ni même être apaisé, alors le soulagement vient dans sa mort. Il nous parle aussi des énigmes que ce genre d'actes laisse en suspens, la recherche perpétuelle d'une logique fondamentale. Et il semble trouver sa réponse en écrivant à cet ami avec qui il avait tant partagé. 

Dur mais beau, ce livre nous plonge avec force dans une intimité duelle qui a été tuée par la lente chute d'une moitié d'homme, laissant l'autre moitié vivre, avec le perpétuel songe de l'ami disparu. Nicolas d'Estienne d'Orves signe donc ici, d'une belle plume, une lettre cruelle mais pleine de sentiments, bouleversante sans en devenir larmoyante.

 

> Dans la même collection:

L'autre fille d'Annie Ernaux

Vincennes de Bruno Tessarech

A l'enfant que je n'aurais pas de Linda Lê

Un homme ordinaire d'Yves Simon

L'insolent de Maxence Caron

Dear American airlines de Jonathan Miles

Monsieur le commandant de Romain Slocombe

Publié dans Littérature

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